Pâtissier, traiteur, intendant... François Vatel était, au XVIIe siècle, le maître d'hôtel le plus respecté et connu de France. Jusqu'au jour où il se suicida.
Vous connaissez peut-être la célèbre école hôtelière Vatel réputée pour son enseignement d’excellence. Mais avez-vous entendu parler de François Vatel, l’homme qui se cache derrière le nom de cet établissement ? Rien à voir entre les deux pourtant.
Un intendant rigoureux et respecté
Vatel était un contemporain de Louis XIV. Si son travail d’intendant et de maître d’hôtel est reconnu à travers les époques, c’est surtout son terrible suicide qui l’a fait connaître.
En 1671, le prince de Condé organise une fête pour le roi et sa cour pendant trois jours et trois nuits. Tout doit être parfait, notamment les banquets. 3 000 invités sont attendus, la pression est énorme pour Vatel qui doit tout préparer.
Mais dès le premier souper, il manque des rôtis, des dineurs se sont invités à la dernière minute. Vatel vit cela comme un affront. Lui, extrême perfectionniste, se sent touché dans son honneur. Il est pourtant le seul à s’apercevoir de ce manque, les invités passent un excellent moment et le roi – et donc le prince de Condé- sont très satisfaits.
Un affront insupportable
Le lendemain arrive. C'est alors le vendredi 24 avril, jour maigre du carême. Pour respecter la tradition catholique, Vatel souhaite servir aux invités du poisson. Mais pour ces invités haut de gamme, il souhaite des produits frais venus directement de la mer. Levé aux aurores, Vatel apprend que les livraisons ont du retard. Les heures passent et rien ne vient. Pour Vatel, c’est un échec, le comble du déshonneur. Il aurait alors déclaré : « Je ne survivrai pas à cet affront-ci, j’ai de l’honneur et de la réputation à perdre. »
C’est grâce à la Marquise de Sévigné, célèbre pour ses échanges épistolaires avec sa fille, que nous connaissons la suite de l’histoire. François Vatel, humilié (enfin, selon lui), monte dans sa chambre et se jette à trois reprises sur son épée qu’il avait préalablement calée dans la porte. Quelques minutes plus tard, les paniers de poissons frais arrivent. Mais il est trop tard, Vatel est retrouvé mort…
Mais voici ce que j’apprends en entrant ici, dont je ne puis me remettre, et qui fait que je ne sais plus ce que je vous mande : c’est qu’enfin Vatel, le grand Vatel, maître d’hôtel de Monsieur Fouquet, qui l’était présentement de Monsieur le Prince, cet homme d’une capacité distinguée de toutes les autres, dont la bonne tête était capable de soutenir tout le soin d’un État ; cet homme donc que je connaissais, voyant à huit heures ce matin, que la marée n’était point arrivée, n’a pu souffrir l’affront qu’il a vu qui l’allait accabler, et en un mot, il s’est poignardé. - Madame de Sévigné à madame de Grignan (lettres du 24 avril et du 26 avril)
En signe de respect, les invités ne mangèrent pas le poisson mais la somptueuse fête continua et compta parmi les plus belles fêtes du règne de Louis XIV. Aujourd’hui encore, Vatel reste une référence dans le milieu culinaire et hôtelier même si la perte de son sang-froid fut quelque peu blâmée dans ce milieu où l’urgence est constante.
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