Cosmopolitain, Martini, Moscow Mule… Les cocktails ont bon vent ces dernières années. Si cette pratique est très ancienne, sa popularisation est assez récente. De la colonisation à la Prohibition, petit retour sur l’histoire du cocktail.
Qu’ont en commun les Grecs, Al Capone et Ernest Hemingway ? Ils ont tous participé à la création de cocktails ! Eh oui ! On oublie souvent que le cocktail est d’abord un « mélange de liqueurs, d'alcools, de sirops et d'aromates », une pratique bien plus ancienne qu’on ne le pense.
Une pratique héritée des colons britanniques
Les mélanges d’alcool et d’ingrédients ne datent pas d’hier, les Grecs et les Romains mélangeaient déjà du vin, du miel, de l’eau et des épices. Mais plusieurs raisons ont participé à leur popularisation au cours du temps.
C’est au XVIIIe siècle que le cocktail connu un réel engouement. La raison est simple : pour lutter contre les maladies des pays colonisés et pour purifier l’eau, les Britanniques mélangeaient des plantes médicinales (telles que la quinine) avec de l’alcool. C’est ainsi qu’est né le gin tonic par exemple. Les colons prirent goût à ces mixtures et rapportèrent l’habitude à leur retour en Grande-Bretagne, habitude qui se développa à toute la société anglaise par la suite.
Jerry Thomas, le père de la mixologie
Celui qui a fait connaître le cocktail en Occident, c’est Jerry Thomas, le fondateur de la mixologie. Matelot, chercheur d’or, patron de saloon, barman… Cet Américain aux multiples vies a transformé la profession de barman en 1862 avec son livre de recettes de cocktails "Bartender's guide : How to mix drinks". Jerry Thomas référença des centaines de mélanges alcoolisés, et y ajouta ses propres créations. Parmi elles, les célèbres « Tom et Jerry » et « The Blue Blazer ».
Jerry Thomas était plus qu’un barman, c’était aussi un « show-man ». Vêtu de costumes et paré de bijoux, il s’illustra pour son sens du spectacle et son talent de barman qui lui conférèrent son surnom de « Professor ». Il s’amusait souvent à jongler avec les bouteilles pour mélanger les boissons. Il préparait son cocktail mythique, le Blue Blazer en transvasant d’un verre à un autre du whisky enflammé, créant ainsi un arc de feu. Impressionnant, non ?
L’essor du cocktail lors de la prohibition
Au début du XXe siècle, l’alcool avait bon vent. Un peu trop au goût de la Ligue Anti-Saloon, une organisation de lobbying qui voyait en l’alcool un fléau. Aux États-Unis, en 1919, le 18e amendement fut voté, interdisant la fabrication, le transport, la vente, l'importation et l'exportation de boissons alcoolisées. Ainsi commença la Prohibition.
Évidemment, cette décision ne plut pas à tous et une contrebande se mit en place. Produit dans de mauvaises conditions, l’alcool était souvent de basse qualité. Pour cacher son goût, les speakeasys, des bars illégaux, l’adoucissaient de jus de fruits et de divers ingrédients, créant au passage de nouvelles recettes. Le Daïquiri, la Margarita, le Bloody Mary ou encore le Side Car sont des créations directes et indirectes de cette prohibition.
Marché noir, crime organisé, mafias, problèmes médicaux, lois peu appliquées, corruption, manque à gagner… La politique anti-alcool fut considérée comme un échec et fut abrogée en 1933 par le président Franklin Delano Roosevelt. Par la suite, les cocktails perdirent en popularité, jusque dans les années 80 avec l'engouement pour la vodka notamment avec le Moscow Mule, le Cosmopolitain et le Bloody Mary. Les barmen se sont depuis professionnalisés et l’on trouve aujourd’hui des cocktails pour tous les goûts.
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L'anecdote en plus : Le cocktail le plus cher au monde a atteint 50 000 livres (soit presque 60 000 euros). Vous pouviez le trouver à la Cantina Laredo, un restaurant mexicain situé dans Londres qui a depuis fermé.
Le cocktail en question ? Une margarita composée de tequilas rares, d'ananas blanc, de limequat, de citron Finger Lime (le caviar des agrumes) et un diamant de 4 carats. Et surtout, le cocktail était servi sous l'oeil vigilant de deux gardes de sécurité.
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